Rede von StD i.R.
Hubert Schulte
Chers amis,
le XXe siècle a vu les deux plus grandes guerres de
l'histoire des hommes. Deux fois, la France et
l'Allemagne y étaient impliquées. Et deux fois, elles
ont causé des millions de morts et des souffrances
atroces.
En 1944, à un moment où la Seconde Guerre mondiale était
définitivement perdue pour l'Allemagne, on mobilisa,
chez nous, la dernière levée en recrutant même des
lycéens de 15 ans. J'étais parmi ceux-ci, et je partis
le 5 janvier 1944 pour faire mon service dans l'armée
allemande. En mai 1945, je me retrouvai à
Saint-Médard-en-Jalles, prisonnier de guerre des
Français. Pas la peine de vous dire que ma première
station, un camp de prisonniers, n'était pas le paradis.
Mais il faut dire que j'avais de la chance: je le devais
à la langue française pour laquelle j'avais du goût et
une certaine facilité ce que je ne découvris qu'un an
plus tard. Ce fut une découverte! Chers amis, avant de
céder à des effusions sentimentales, je vous offre d'en
discuter tout à l'heure, si le c½ur vous en dit.
La langue française, votre langue, chers invités, est si
belle! Et les Français, ce sont des gens charmants – ce
que le Bon Dieu lui-même n'a pu ignorer qui leur a
envoyé deux hommes que je n'hésite pas à appeler grands:
le général Charles de Gaulle et le chancelier Konrad
Adenauer.
C'est en 1960 que j'entendis la voix du général et
président en langue allemande: «Ich will mit der Jugend
ein neues Europa bauen. ...».
Je versai de chaudes larmes en l'écoutant. J'enseignais
votre langue et j'étais d'autant plus heureux que
j'avais des élèves qui travaillaient très bien dans le
sens de M. le Président. Pour moi, tout cela tint du
miracle. Ces deux grands hommes politiques, Charles de
Gaulle et Konrad Adenauer, avaient décidé de terminer
les siècles d'hostilité et de haine qui avaient marqué
l'histoire des Français et des Allemands et de réaliser
la réconciliation des deux peuples qui s'étaient
considérés comme des ennemis héréditaires.
50 ans plus tard, deux autres présidents, français et
allemand, qui s'embrassent et qui félicitent un jeune
bachelier allemand à l'occasion de son 20e anniversaire,
m'ont réchauffé le c½ur encore une fois et, je le dis
franchement, profondément.
Aujourd'hui, c'est vous, chers amis – élèves, équipes
pédagogiques,parents et anciens collègues – c'est vous
qui êtes en train de réanimer notre tradition des
échanges scolaires dont les premiers ont eu lieu en
1977, début du jumelage entre le Collège Albert Debeyre
et le Friedrich-Leopold-Woeste-Gymnasium et début de
beaucoup de solides liens amicaux qui se sont créés
pendant toutes les années.
Toutes mes félicitations à ceux qui participent à sa
réanimation et à la réalisation des visions des grands
politiciens français et allemands en ce qui concerne les
bonnes relations franco-allemandes dans une nouvelle
Europe. Que nos échanges perdurent.
Ce sont ces photos-là qui m'ont poussé à composer mon
petit récit que j'ai eu le plaisir et l'honneur de vous
présenter en langue française et lesquelles j'aimerais
bien vous offrir, chers invités, tout en vous assurant
de grand c½ur de notre amitié sincère et en vous
souhaitant une belle et heureuse semaine chez nous.